Monday, January 19, 2009

Israël : le suicide par l’autodéfense

dimanche 4 janvier 2009

Dr Oren Ben-Dor
Le Dr Oren Ben-Dor est né à Haïfa et a grandi en Israël ; il enseigne la phylosophie juridique et politique à la faculté de droit de l’Université de Southampton, Royaume-Uni.

Malgré sa puissance militaire, Israël est un Etat faible et mourant.
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L’autodéfense par le suicide souligne le caractère unique de l’apartheid israélien.

A l’instar du Liban en 2006, le peuple de Gaza est massacré par les pilotes assassins d’un Etat assassin. Les forces à terre, bientôt, se massacreront plus encore. Cette répétition de la violence à grande échelle par Israël, à laquelle on s’attendait largement, s’accomplit après un long processus déclenché au moment où Israël a retiré unilatéralement ses colonies et son infanterie de Gaza, mais seulement pour organiser ce qu’on décrit comme un zoo d’êtres humains surveillé à distance.

Israël a maintenu son contrôle absolu sur les frontières de Gaza, ses espaces aérien et maritime, son économie, son électricité, ses ravitaillements en nourriture et en médicaments. Les gens de Gaza ont été affamés, humiliés et constamment mis sous pression. Pour autant, si le retrait a bien été voulu, et s’il a peu à voir avec ce qui motive les roquettes, les tirs de celles-ci sont un défi aux villes israéliennes de Sderot, Ashkelon et Beer Sheva.

En dehors d’apporter une réponse à court terme aux attaques de roquettes, la vague de violence israélienne relève d’un raisonnement vicieux (pétition de principe) et d’une provocation réfléchie. Les actions d’Israël, que celui-ci justifie par la rhétorique du « non choix » (ein brera) et de la « légitime défense », peuvent pendant un temps poser un couvercle sur le volcan de la haine qui entoure Israël et jusque dans son sein mais, après le premier choc et saisissement, elles sont assurément destinées à créer bien plus de violence.

Les assassinats ciblés de membres du Hamas, le renversement même de l’organisation, la destruction de son infrastructure et de ses bâtiments n’écraseront pas la légitime opposition à l’entité sioniste, arrogante et triomphaliste. Aucune armée, même bien équipée et bien entraînée, ne peut gagner un combat contre un nombre toujours plus grand de gens qui n’ont plus de raison de craindre de mourir. S’il y avait de la haine contre les Israéliens avant le massacre de Gaza, la haine qui va suivre va être d’un ordre de grandeur bien différent.

A considérer l’échec assuré des tentatives visant à imposer la stabilité par la violence, l’intimidation, la famine et l’humiliation, quel est le souhait, sur terre, qui anime l’Etat israélien ? A quoi les Israéliens imaginent-ils aboutir avec ce massacre ? Il doit y avoir quelque chose qui manque ici. Il doit y avoir, pour les Israéliens, quelque chose ou quelque idée à préserver, à défendre même, dans cette pathologie de vouloir provoquer un état permanent de violence contre eux-mêmes. Quelle sorte d’autosatisfaction conditionne donc cette volonté autodestructrice d’être haï ?

Gaza nous en donne elle-même un indice. Beaucoup de Palestiniens qui vivent à Gaza sont les enfants des 750 000 réfugiés expulsés en 1948 de ce qui est aujourd’hui l’Etat juif. Ashkelon s’est construite sur les ruines du village palestinien d’al-Majdal dont les habitants furent expulsés en 1948, beaucoup vers Gaza. C’est seulement par une purification ethnique massive qu’un Etat de majorité et de caractère juifs a pu s’implanter. Toute juste application du droit reconnu internationalement pour les réfugiés de revenir chez eux signifierait effectivement la fin du projet sioniste. Ceux qui choisiraient de revenir ne feraient pas que menacer la majorité juive. A leur retour, ils exigeraient sûrement pour eux, et avec force, une citoyenneté égale. Ce faisant, ils remettraient en cause l’idée discriminatrice qui est à la base de l’Etat juif et qui fixe un enjeu différent dans l’Etat pour tous ceux qui passent le test de la judaïté, qu’ils vivent dans le pays ou ailleurs. Ainsi, pour la même raison qu’Israël discrimine ses propres citoyens non juifs, il empêche le retour des réfugiés.

La prolifération et la prédominance du discours d’autodéfense et ses effets secondaires - la reconnaissance sans critique de la légitimité de l’Etat israélien - parviennent à cacher le fait qu’Israël lui-même est un Etat d’apartheid qui est fondé sur l’idée d’apartheid (séparation). Et au nom de cette prémisse d’apartheid, l’occupation, la dépossession et la discrimination frappent tous les Palestiniens, tant à Gaza, en Cisjordanie, qu’en Israël et même à travers le monde.

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source: www.info-palestine.net

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